Faut-il adhérer à l’accord d’augmentation provisoire du temps de
travail chez AIRBUS DS et AIRBUS Defence and Space ?
On peut envisager les choses sous
deux angles : l’angle individuel et l’angle collectif.
D’un point de vue personnel,
le dispositive négocié ne comporte que des avantages, pour qui est concerné par la surcharge de travail :
un paiement à 110% + des chèques CESU pour payer la nounou ou le centre aéré
pendant qu’on travaille 6 jours de plus ; ou encore des chèques transport
d’un même montant. Comme de toutes façons, les salariés dans ce genre de
situation ne prenaient pas tous leurs jours de RTT, le dispositif proposé ne fait qu'entériner un état de fait.
Si l’on regarde le problème
sous un angle collectif, il faut comprendre pourquoi l’entreprise veut nous
faire travailler plus. Il y a certainement un affichage politique, voire stratégique,
sur le « 218 jours ». Mais il y pragmatiquement une autre raison :
la difficulté d’embaucher, parce que les jeunes diplômés ne sont plus attirés
par la grosse industrie :
Salaires d’embauches impossibles à aligner sur
ceux des banques ou des métiers de la finance,
volonté d’émancipation des jeunes générations
plus tentés par des entreprises de service offrant de multiples opportunités, par
le « free lance », l’auto-entrepreneuriat
attractivité de l’expérience à l’étranger, etc.
"Le plus simple est de faire
travailler encore plus la ressource déjà disponible."
Et puis, les cycles ont leurs
hauts et leurs bas, alors que les contrats de travails sont un engagement de
très long terme pour un entrepreneur. Plutôt que de faire du personnel une
variable d’ajustement avec des licenciements, c’est le temps de travail de ce
personnel qui est la variable d’ajustement, mais au détriment de la santé des
inscrits lorsque l’environnement est pathogène, et au détriment et des
hypothétiques candidats à l’embauche, qu’on ne trouve d’ailleurs qu’avec
difficulté.
Enfin, adhérer au principe, c'est (sauf mention de réserves) se priver d'une parole contestant l'augmentation du temps de travail, de pression, de risque psycho-sociaux, c'est être définitivement en contradiction avec d'autres paradigmes économiques (voir Larouturou).
La conclusion n’est donc pas
simple. la CFTC a propose comme alternative à Airbus Defence and Space :
- de redevenir attractif avec des
salaires compétitifs pour le marché de l’emploi des diplômés, ce qui plairait aux syndicats "de gauche"
- d’être hyper réactifs dans
notre administration, ce qui plairait à Tom-Chef-Enders.
- d’avoir des structures de
décision légères et beaucoup de délégation des responsabilités, ce qui plairait
à tout le monde à commencer par les manager du "change culture".
- d’avoir une Gestion des emplois
et compétences (GPEC) qui soit très
fluide, ouverte sur le monde extérieur, qui propose à chacun et très vite des
expériences à l’étranger, des expériences d’encadrement, ce qui plairait à la
CFTC.
En attendant que cette nouvelle
culture d’entreprise se mette en place, si elle le peut dans le Groupe AIRBUS,
chacun se déterminera en fonction de ses besoins individuels (qui poussent à
dire « oui » à la proposition) et de ses valeurs collectives et
sociétales, lesquelles peuvent pousser à dire « non » pour induire un
changement plus nécessaire et plus rapide de culture de management dans l’entreprise
AIRBUS Defence and Space.
Clé de discernement : selon quelle decision le monde de demain sera-t-il meilleur?