Airbus Defence and Space travaille sur la sécurisation du ciel avec ses programmes SESAR. Il faudra plus qu’un virage numérique (et que SESAR 1) pour pouvoir se passer de contrôleurs… quant à le vouloir… Par contre en réduire le nombre, oui, là c’est bien le but (et une des raisons des grèves par anticipation de cette
conséquence).
Le Ciel automatisé (googleplane-isé) est presque une réalité pour les pilotes, qui n’interviennent plus que très peu directement, les fonctions de pilote automatique pouvant assurer le vol complet. La phase de taxiway ne l'est pas encore, mais les avionneurs et SAFRAN s'en occupent. Néanmoins, sommes-nous prêts à monter dans un avion sans pilote ? (pour un métro, oui, un train, peut-être, mais un avion…) Les passagers de l’avion qui se posa en urgence sur l’Hudson ne seront sans doute pas d’accord : il y a des cas où le talent du pilote a sauvé des vies, même si la plupart des accidents sont le fait d'erreurs humaines.
Pour les contrôleurs c’est encore plus compliqué, et si SESAR et d’autres programmes qui l'ont précédé, ont développé des outils pour leur faciliter la tâche et pouvoir gérer plus de trafic aérien (possiblement en étant moins nombreux), on n’en
est quand même pas à une automatisation totale de la fonction… On pourrait l’envisager pour le cas nominal, mais pour gérer les cas « anormaux », qui restent quand même très fréquents (pour de petits impondérables, comme par exemple un problème météo…), ce n’est
pas encore au point.
Prenons pourtant l'hypothèse d'un ciel automatisé. On évitera l'aléa des grêves, mais qui sera responsable, et devra assumer les conséquences d'un accident grave ? Les concepteurs du tout numérique ? Certainement pas ! L'avionneur? les sociétés aéroportuaires? Les compagnies aériennes? Donc… personne…
et c’est peut-être justement l'un des avantages (parmi les moins mis en avant, et pourtant), de ce tout numérique : au-delà d’une dilution, on est presque dans un dissolution des responsabilités tout à fait
opportune pour les personnes tirant bénéfice de tout cela…les victimes étant finalement les seules à payer le prix fort.
Le virage numérique devient aussi un moyen (parmi bien d’autres) facile d’échapper à ses responsabilités. Constat déjà fréquent : "c'est pas ma faute, c'est la machine qui a planté, pile au mauvais moment', Murphy aidant.
D’ailleurs, au-delà des inquiétudes sur les réductions d’effectifs et la perte d’une forme de souveraineté (donc de privilèges) relative à Single European Sky, c’est une des préoccupations importantes au sein des développements SESAR
(et une des raisons, pour certaines solutions, de retarder leur mise en application) que de savoir comment évoluent les responsabilités avec l’ajout d’outils apportant de plus en plus d’assistance à la gestion du trafic…