Il est extrêmement délicat de parler de la question des suicides au travail. Ce sont des actes qui existent, parfois même avec des effets de série alors que les salariés concernés ne se connaissent pas. Et pour autant faut-il communiquer? Cette question se pose aussi bien pour les employeurs que pour les syndicats.
Il y a en effet un risque de contagion lorsque le niveau de Risque Psycho-social est très élevé, associé à une désespérance du monde, amplifiée par l'omniprésence et la répétition des médias. Pourtant, le meilleur moyen de réduire ce risque de suicide, c'est de permettre à chaque travailleur d'identifier ses mal-être et leurs causes-racine. Cela suppose de lever un tabou, au moins sur le sujet des management toxiques, des injonctions contradictoires, des enfermements infernaux, etc. Parallèlement, cela suppose de présenter des solutions ou à tout le moins des clés pour sortir de ces enfermements et contradictions.
Parler des suicides au travail a permis à France Telecom de revoir son management. L'omerta sur les suicides d'agriculteurs éleveurs est dramatique : ils font de leur sacrifice un signal d'alarme qui est étouffé, et de ce fait, devient inutile (à vue humaine). Que dire de nos grands Groupes industriels, cotés en Bourse, soumis à une forme insupportable de dictature parce qu'elle est exercée par un système contre lequel on pense ne rien pouvoir, et non par des personnes auxquelles on pourrait s'adresser ?
A cela s'ajoute de vide de sens des existences déspiritualisées par la doxa laïciste, la rupture de la transmission des valeurs de foi, l'emprisonnement même de la transcendance d'amour dans une sphère privée qui ne dépasse plus ni l'homme ni l'humanité parce que, sans relations, elle s'y étiole et fait mourir l'âme : comment s'étonner que le reste suive ?
L'antidote au désespoir, c'est de retrouver l'Ami intérieur, le même que celui de chaque membre de nos familles et de nos communautés de travail. Tout homme est une histoire sacrée, et il n'y est pour rien, c'est juste un cadeau. Se le rappeler, ensemble, c'est déjà se nourrir de vie non frelatée.
Voir aussi le blog CFTC de Thalès : http://cftcd3s.blogspot.fr/
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