jeudi 31 mars 2016

Digitalisation : vers un contrôle aérien sans contrôleurs du ciel?

Airbus Defence and Space travaille sur la sécurisation du ciel avec ses programmes SESAR. Il faudra plus qu’un virage numérique (et que SESAR 1) pour pouvoir se passer de contrôleurs… quant à le vouloir…  Par contre en réduire le nombre, oui, là c’est bien le but (et une des raisons des grèves par anticipation de cette conséquence).
Le Ciel automatisé (googleplane-isé) est presque une réalité pour les pilotes, qui n’interviennent plus que très peu directement, les fonctions de pilote automatique pouvant assurer le vol complet. La phase de taxiway ne l'est pas encore, mais les avionneurs et SAFRAN s'en occupent. Néanmoins, sommes-nous prêts à monter dans un avion sans pilote ? (pour un métro, oui, un train, peut-être, mais un avion…) Les passagers de l’avion qui se posa en urgence sur l’Hudson ne seront sans doute pas d’accord : il y a des cas où le talent du pilote a sauvé des vies, même si la plupart des accidents sont le fait d'erreurs humaines.
Pour les contrôleurs c’est encore plus compliqué, et si SESAR et d’autres programmes qui l'ont précédé, ont développé des outils pour leur faciliter la tâche et pouvoir gérer plus de trafic aérien (possiblement en étant moins nombreux), on n’en est quand même pas à une automatisation totale de la fonction… On pourrait l’envisager pour le cas nominal, mais pour gérer les cas « anormaux », qui restent quand même très fréquents (pour de petits impondérables, comme par exemple un problème météo…), ce n’est pas encore au point.
Prenons pourtant l'hypothèse d'un ciel automatisé. On évitera l'aléa des grêves, mais qui sera responsable, et devra assumer les conséquences d'un accident grave ? Les concepteurs du tout numérique ? Certainement pas ! L'avionneur? les sociétés aéroportuaires? Les compagnies aériennes? Donc… personne… et c’est peut-être justement l'un des avantages (parmi les moins mis en avant, et pourtant), de ce tout numérique : au-delà d’une dilution, on est presque dans un dissolution des responsabilités tout à fait opportune pour les personnes tirant bénéfice de tout cela…les victimes étant finalement les seules à payer le prix fort.
Le virage numérique devient aussi un moyen (parmi bien d’autres) facile d’échapper à ses responsabilités. Constat déjà fréquent : "c'est pas ma faute, c'est la machine qui a planté, pile au mauvais moment', Murphy aidant.
D’ailleurs, au-delà des inquiétudes sur les réductions d’effectifs et la perte d’une forme de souveraineté (donc de privilèges) relative à Single European Sky, c’est une des préoccupations importantes au sein des développements SESAR (et une des raisons, pour certaines solutions, de retarder leur mise en application) que de savoir comment évoluent les responsabilités avec l’ajout d’outils apportant de plus en plus d’assistance à la gestion du trafic…  
 

Avancées sur le projet de loi Travail de Mme El Khomri

Des points importants ont été obtenus lors des discussions préliminaires sur le pré-projet de loi : pour que ce travail ne soit pas perdu, il faut continuer de travailler sur le texte qui sera en discussion à l’assemblée nationale du 5 avril jusque fin mai/début juin.


Ce qu’il faut encore faire bouger dans le projet de loi :
  • licenciements économiques doivent être évalués dans un périmètre Groupe et non une simple filiale française. CFTC va proposer un amendement.
  • accords offensifs de développement et de maintien dans l’emploi avant les licenciements
  • médecine du travail pour les personnes inaptes à un poste : les propositions de poste ne suffisent pas, c’est un emploi qu’il faut, et plusieurs propositions. Signature CFTC.
  • sur les branches : la notion de branche a été intégrée, elles régulent les accords locaux. Mais i il n’y a pas d’accord, c’est à la Branche de recadrer. ce point n’est pas atteint, et il y a toujours la menace de l’inversion de la hiérarchie des normes. 
  • sur la représentativité patronale : il est important qu'elle existe, mais il est fondamental, pour le bien commun, que cette représentativité  n'aboutisse pas à l'omniprésence exclusive des représentants des grandes entreprises au détriment des PME, TPE et auto-entrepreneurs. Autrement dit : qu'elle ne soit pas fondée sur les effectifs des entreprises adhérentes.

CPA (ciompte personnel d'activité) , CPF (compte personnel de formation) sont soutenus par la CFTC. Autres avancées des réformes précédentes dans la continuité desquelles cette loi s'inscrit : la participation de représentants des salariés aux conseils d'administration des entreprises de plus de 1000 salariés, le recours plus systématique à la négociation, qui met les syndicats devant leurs responsabilités (et les salariés non syndiqués également!). 
La CFTC ne demande pas le retrait de la loi qui comporte des points positifs qu'il faut capitaliser.

mercredi 30 mars 2016

Nécessité d'une loi Travail

Les choses ne peuvent pas rester en l'état.
Les PME et les artisans sont pris à la gorge, dans bien des cas. Ils n'ont pas la puissance des grands groupes pour négocier avec le fisc ou les URSSAF un report de paiement de charges ou d'impôts. La CFTC reconnait tout le mérite des entrepreneurs qui engagent leurs propres deniers et leur propre vie (et celle de leur famille) dans leur entreprise.

La CFTC reconnait la difficulté des recrutements, de l'assiduité erratique de certains employés, d'abus de droit qui tue le droit. Pour eux, une réforme du droit du travail est nécessaire.Malheureusement, le projet El Khomri rate cette cible.
Tout est une question d'équilibre. Qui est le "pauvre" lorsque les amortisseurs sociaux sur-utilisés mettent en péril la crédibilité d'une entreprise, et donc son carnet de commandes, c'est à dire les emplois de beaucoup d'autres personnes?

Autre ratage du projet de loi El Khomri : celui de la représentativité patronale. Certes, il faut un dispositif de mesure de cette représentativité : on en impose bien le principe aux âpres conséquences à la représentation salariée. Mais si c'est pour que le plus gros (le MEDEF) écrase tous les petits entrepreneurs qui souffrent de problématiques financières et politiques très différentes de celle des grands groupes, ce ne sera qu'une représentativité malsaine, déséquilibrée, nuisible à la France elle-même.

Si des entrepreneurs tombent sur ce billet, qu'ils sachent que la CFTC les comprend et souhaite les rencontrer afin d'établir un vrai dialogue social dans leurs entreprises, fondé sur la perpétuelle recherche du bien commun.

contact : Hervé Bry (07 71 17 63 05)

jeudi 24 mars 2016

les réseaux sociaux et le syndicalisme

Thèse : les réseaux sociaux sont un bien.

Le syndicalisme est par principe un "corps intermédiaire" entre les salariés et l'employeur. Il réalise une hiérarchisation, de même qu'en son sein, la structure est elle-même hiérarchisée : branches, géographie, syndicats, sections...
Les réseaux sociaux bouleversent la donne : un "like" est un "like", quelles que soient les responsabilités, les compétences, l'influence de celui qui "like". On est sur de l'horizontal pur. Comme Saint Paul, nous pouvons dire : "il n'y a plus ni juif ni païen, ni esclave, ni homme libre" : Pour Saint Paul, seule l'humanité est importante, indépendamment du statut. Pour les réseaux sociaux, il en est de même pour les "amis", les "suiveurs", les "retwitteurs"...
Les réseaux sociaux sont ils donc évangéliques? Pourquoi pas. Si c'est bien l'humanité qui est valorisée...

Antithèse : les réseaux sociaux ne sont pas compatibles avec la tradition

La tradition hébraïque et chrétienne pourtant, ne manque pas de hiérarchiser : regardez l'organisation des anges, archanges, principautés, dominations, puissances, etc... la cour céleste est hautement hiérarchisée, et la plupart des sociétés humaines également, jusqu'à présent. C'est dans la hiérarchie que se déploient les vertus d'obéissance, de responsabilité, et le principe de subsidiarité. Alors.....les réseaux sociaux sont-il le diable pour un syndicaliste qui s'appuie sur les principes sociaux chrétiens ?

Synhèse : il y a un changement fondamental à vivre, un modèle dont on peut d'inspirer, et un grave écueil à éviter.

La technologie rend la démocratie directe possible. L'intelligence individuelle peut baisser (faute de temps réflexif car le numérique est aussi géniteur de l'urgence puisqu'elle devient partout possible à assumer), l'intelligence collective, chère à Joël de Rosnay, peut enfin se déployer, extension de la loi des grands nombres. Le savoir de chaque pixel humain s'affaiblit peut-être, mais l'image qui en résulte est en HD !
Du coup, les syndicats vont devoir faire émerger la vérité, et son corollaire qui est le bien commun, non plus à partir de dogmes ou de principes, mais de cette autre forme d'intelligence répartie. C'est un peu comme si on passait, au Vatican, du dogme de l'infaillibilité pontificale au principe de collégialité généralisée. D'ailleurs, les deux s'excluent-ils vraiment? Pas si sûr.
Peut-être est-ce un modèle à transposer dans le syndicalisme : plus de collégialité par les réseaux sociaux, et, sur la base de ce discernement collectif, une prise de responsabilité lorsque la "vox populi" ne semble pas être la "vox Dei". Cela arrive, tant la psychologie des foules est manipulable et versatile. Refuser ce principe de responsabilité, c'est accepter la dictature du prolétariat internet, fait de millions d'hommes appliqués à twitter, liker, pétitionner, répondre, transférer...dans les transports, les réunions, au lit, partout, tout le temps. Tout miser sur la seule intelligence collective - comme si il y avait un être supérieur qui émanerait d'un système complexe de millions d'individus - c'est commettre la même erreur que de croire que la main invisible du marché suffit à réguler le monde. Ce serait un autre Golem. On voit ce que ça donne.

mercredi 23 mars 2016

Révolution numérique

Si on esquisse à grands traits ce qui pourrait changer du fait de la révolution numérique dans notre monde économique et social (et sociétal), l'un des effets évidents s'est manifesté hier à Bruxelles : la formation de terroristes, d'artificiers par internet; le réseautage crypté par internet et réseaux sociaux. L'enseignement coranique et la radicalisation islamique par internet. La détection et l'hameçonnage des recrues par internet....
Demain jeudi, un atelier de prospective économique et social se tiendra à Sciences Po, avec de nombreux syndicalistes. J'y serai. Sera-t-il question de liberté libertaire ou d'éducation préventive? Sera-ce un atelier d'accompagnement du changement numérique (présenté comme inéluctable) ou une contribution de plus à une prophétie auto-réalisatrice espérée par certains?
Rendez-vous demain soir, pour un premier débriefing....
Et je vous invite à lire quelques réflexions sur ce blog postées en janvier/février.
Hervé Bry

mardi 22 mars 2016

Attentats de Bruxelles

Aucun peuple ne mérite de subir ce qui s'est passé à Bruxelles hier. Ni les Français, ni les Syriens, ni les Libanais, ni aucun peuple de la terre, quelles que soient ses qualités ou ses travers. Mais encore moins les Belges, si affables et naturellement bienveillants, même dans leurs possibles colères.
La CFTC, dans l'article premier de ses statuts, refuse l'exacerbation des antagonismes, mais recherche la paix dans l'ordre du bien commun, c'est à dire le bien de tous et du tout. Nous savons que nos homologues Belges sont dans les mêmes dispositions.
En mon nom propre et au nom des métallos CFTC des Yvelines, j'envoie tonte notre amitié et notre proximité aux métallos Belges et à leurs familles, leurs amis, directement ou indirectement touchés par la mort, hier.
L'Histoire n'a jamais été tendre avec la Belgique, mais comme ce peuple a toujours su être résilient, surmonter et revivre, après chaque temps sombre !
Hauts les coeurs ! Sursum corda !
Hervé Bry

mardi 15 mars 2016

Safran déraciné ?

Quelque 85 à 90 sociétés du Groupe SAFRAN vont abandonner leurs noms historiques. Philippe Petitcolin, directeur général, affirme que "toutes les sociétés du Groupe sans exception vont s'appeler SAFRAN à compter du mois de mai". Le Groupe adopte, après AIRBUS, la formule anglo-saxone d'unité de la marque et de visibilité médiatique, commerciale et financière.
La CFTC souhaite de beaux succès à Safran ainsi relooké.



Résultat de recherche d'images pour "moteurs d'avion images"

Aerospatiale en son temps avait abandonné les noms des familles de pionniers : d'abord lors des nationalisations du Front Populaire, pour former une constellation de SNCAxx, rassemblées après la Guerre en Sud-Aviation et Nord-Aviation (+ SEREB), puis en AEROSPATIALE.
On y survit.

Pourtant, ces familles de pionniers, dont on peut encore faire mémoire dans le Groupe Safran, enracinent nos vocations. Merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines !
Adieu, Gnôme&Rhône, depuis 1945, mais aujourd'hui : Messier, Bugatti, Hispano-Suiza, Labinal. Après cette opération, il restera Latécoère, quasi unique rescapé d'un patrimoine bien français, formidable contribution foisonnante de nos compatriotes à la grande aventure du XXème et du XXIème siècles : l'aéronautique démocratisée, l'astronautique.
La CFTC cite souvent Simone Weil, admirable penseur et actrice de la question sociale.et militaire. Oui, il s'agit ici d'un déracinement, d'un "déshéritage", comme pourrait dire François-Xavier Bellamy.

Avec ce nom commun, la CFTC souhaite qu' une nouvelle success story fédérera cette identité humaine qui fera l'entreprise.


lundi 14 mars 2016

Porter PALL...devant les tribunaux?

La situation de PALL France, Pall Corporation (PLL): Filtration, Separations, Purification & Environmental Technology
Groupe DANAHER, est inquiétante.

Non pas sa situation économique, mais sa situation morale.
Non pas, a priori, son nouveau concept d'évaluation et notation des comportements, mais son incapacité à respecter les instances du dialogue social.
Le dialogue social est un bien commun, fragile et nécessaire aux hommes et aux femmes comme aux affaires. Le nouveau management (nouvel actionnaire, nouvelle gouvernance...) semble en faire peu cas.
Or, que voit-on? Un dispositif potentiellement générateur de Risques Psycho-Sociaux (RPS) graves, qui pourrait être déployé avant consultation approfondie par les élus du CE et du CHSCT.
Petit rappel au passage : ces Instances auraient leur part de responsabilité si elles étaient négligentes au sujet des RPS.

La CFTC soutient le Comité d'Etablissement de PALL France (Saint Germain et Cergy) dans sa méthodologie : d'abord mettre la DIRECCTE et la CRAMIF dans la boucle es échanges avec la Direction, déjà très tendus. Ensuite demander des expertises tant économique et stratégique (CE) que sur la sécurité des personnes (CHSCT). Ensuite, via leus experts mandatés, demander du retour d'expérience du Groupe DANAHER qui, semble-t-il, a déjà déployé cet outil d'évaluation dans d'autres filiales.

Une révolution culturelle, cela ne s'impose pas, cela se suscite. Sortant à peine d'un PSE qui a décimé la R&D (et qui laisse beaucoup de questions stratégiques sans réponses), ajouter une autre violence pourrait être criminel.
Que le CE fasse son devoir et que l'ensemble des partenaires calment le jeu, à commencer par certains qui seraient tentés de jeter de l'huile sur le feu, et par la Direction, qui doit remettre sans tarder du temps humain dans le déploiement de son management.

Nécessaire retour sur le caractère chrétien de la CFTC

Suite aux articles des semaines précédentes, il convient de préciser, par une analogie, ce que veut dire "chrétiens" et ce que cela ne dit pas.
Ceci est écrit pour tous ceux qui se posent encore des questions et qui hésitent à adhérer à cause de ce qu'ils considèrent comme une intrusion du religieux dans l'espace public, syndical.

Je prendrais comme comparaison Léopold Sedar Senghor. Ou Romain Gary. Académiciens, parlant magnifiquement notre langue et la mettant en œuvre pour une réalité loin d'être franque, ils sont l'archétype du francophone non français et pourtant amoureux et fin connaisseur des réalités et de l'esprit français.
Etre CFTC, de la même façon, c'est parler la belle langue de l'enseignement social chrétien, la connaître, la développer, que l'on soit effectivement chrétien ou pas. Les principes sont notre grammaire. Avec des mêmes règles et repères, on peut aussi bien parler avec différents niveaux de langage social. Les valeurs qui en découlent dans l'agir syndical local sont notre culture d'entreprise, principes instanciés dans des réalités, de même que les poètes francophones ont instancié notre langue dans leurs réalités propres.

Je voulais ainsi montrer qu'on peut être CFTC sans être ni croyant, ni chrétien de baptême. La CFTC n'est ni un mouvement d'Eglise, ni une secte : elle accueille ceux qui aiment sa langue sociale et s'en enrichit, de même que Senghor et Gary ont enrichi notre patrimoine littéraire.
En revanche, de même que tout français doit maîtriser sa langue et doit l'utiliser avec joie, on espère que tout chrétien engagé connaît la morale sociale qui est cohérente avec son engagement...et rejoindra naturellement la CFTC pour la mettre en oeuvre, avec joie également !
La CFTC, c'est vraiment le syndicat de tous les amoureux de l'humanité pleinement accomplie dans toutes ses dimensions : physique, morale, sociale, spirituelle.

Hervé Bry, président du syndicat CFTC ME7801

Loi Travail : Joseph Thouvenel fait le point

Samedi, place de la République, l'affluence n'était pas là.

Pas facile de défendre une position nuancée dans un climat binaire où la lutte est frontale, où le temps médiatique, raccourci, ne permet guère les développements.
Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC, est intervenu place de la République et sur Radio Vatican pour rappeler les points suivants :
- plafonnement des indemnités prud'homales : ne nous trompons pas de victime, laissons aux juges le soin de juger de la hauteur du préjudice à compenser.
- les personnes ne doivent pas être des variables d'ajustement d'un dumping social entre les entreprises d'une même branche. En particulier, l'employeur ne doit pas se défaire de sa responsabilité dans les risques psycho-sociaux et leurs conséquences.
- accueillons positivement le CPA qui réalise en partie le projet de "statut du travailleur" que la CFTC porte depuis 15 ans
- accueillons positivement la revalorisation de l'apprentissage.
- défendons la dignité du travail et de l'homme au travail. Joseph Thouvenel a rappelé, en le citant, que déjà Albert de Mun avait dénoncé le "toujours plus pour toujours moins" dès les années 1860. Rappelons la phrase des papes qui dénonçaient la justice sociale déjà au XIXème siècle : " la matière sort anoblie du travail humain, mais l'homme en sort avili. "


La loi El Khomri est certainement plus faite pour les PME et ETI que pour les grands groupes ou même les "sociétés anonymes" (voir conférence de Michel Rocard), dépersonnalisées, qui ont les moyens de leur politique sociale. D'une certaine manière, le soutien de Marwan Lahoud (AIRBUS) et de Monsieur Petitcolin (SAFRAN) au projet de loi ne nous aide pas à tenir cette position nuancée. Par autant, tout n'est donc pas à jeter dans ce projet, et c'est cela qui est difficile à faire passer dans la population. La posture d'opposition est plus mobilisatrice que l'attitude constructive.

samedi 12 mars 2016

Loi El Khomri : question de confiance....

La presse d'inspiration chrétienne se fait l'écho de l'impact du projet de loi "Travail" sur les mouvements chrétiens sociaux : 

Famille Chrétienne : Loi travail : les chrétiens partagés
Reflet d’un dialogue social à la peine, le projet de loi El Khomri sur le travail crée des divisions, y compris chez les chrétiens. Face à face entre Cyril de Quéral, membre des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens, et Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC.
La Croix : position CFTC avec interview de Philippe Louis notamment sur le plafonnement des indemnités prud'homales
Le Pèlerin Magazine : Bras de fer sur le droit du travail...

Bras de fer sur le droit du travail 
Ce qui retient notre attention sera la différence d'appréciation entre la position de la CFTC et celle des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) : les critères de ces deux organisations sont les mêmes : respect de la dignité humaine et celle du travail, nécessité de faciliter l'entrepreneuriat qui est l'expression de cette dignité, la recherche du bien commun, la mise en œuvre de la subsidiarité.
Seules les pondérations et la façon de promouvoir ces "valeurs" changent.
Et d'où vient qu'elles changent?

C'est que d'un côté les EDC, Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétienspar la voix de son vice président Bertrand Macabéo, affirment que " être un dirigeant chrétien, c'est tenter de ne pas être patron en semaine et chrétien le dimanche" (La Croix du 11 mars 2016) alors que la CFTC n'a pas confiance dans les promesses trop souvent non tenues en termes de déploiement des embauches. De même, Laurent Bataille affirme "pour la première fois en France, une loi estime qu'on doit faire confiance aux gens de terrain" (La Croix du 11 mars 2016)
Confiance : c'est le défi. 
La crainte de la CFTC est qu'un dumping social s'opère si la négociation n'est pas faite au niveau de la Branche professionnelle qui est, pour elle, le bon niveau de responsabilité sociale et donc de négociation, plutôt que l'entreprise. Subsidiarité pour subsidiarité....
La conciliation de ces deux points de vue pourrait s'opérer par le renforcement de la culture et de la morale de chacun : des salariés pour qu'ils n'abusent pas du droit (ces abus ruinent notre système de protection sociale), les employeurs pour qu'ils aient conscience qu'ils ont charge d'âme, que le personnel n'est pas une variable d'ajustement.

La crise trouve ses racines dans morale et la culture de chacun. La crise de gouvernance, celle qui gèle la prise de risque et l'emploi, est moins le fait des entrepreneurs (qui risquent leurs propres fonds, et leur vie) que celle des grands groupes financiarisés dont les directeurs sont des mercenaires qui, au fond, ne risquent rien d'autre que leur place (mais ils en trouveront d'autres). Faut-il une "loi Travail" ajustée aux PME et ETI mais ne s'appliquant pas aux grands conglomérats cotés en Bourse? Peut-être. L'Allemagne est socialement et industriellement forte par ce qu'elle regorge de ces Entreprises de Taille Intermédiaire à capital familial. Il faut relire "l'enracinement" de la philosophe Simone Weil, à ce sujet. Nous y reviendrons dans ce blog.

On regrette que dans un grand nombre d'articles, comme par exemple celui qui relate les discussions de la phase de consultation et les rassemblements, la Croix ne mentionne pas la CFTC. L'article du Pèlerin est plus équilibré... :-)

mercredi 9 mars 2016

projet de Loi Travail : tous à Paris ! #fautqueçabouge !

La confédération CFTC a fait le choix du dialogue pour corriger les éléments inacceptables de l'avant-projet de loi (voir article prcédent sur ce blog).

Pour ne pas bloquer la France mais montrer son opposition à ce texte en l'état, elle appelle tous ses adhérents à se rassembler autour du pôle "réformiste". Pour la CFTC Métallurgie des Yvelines, le rassemblement aura lieu à PARIS, samedi 12 mars, 14 heures place de la République.
 


Nota : ce ne sera pas un défilé mais un rassemblement statique où chaque organisation présentera les arguments  et considérations qui lui sont propres.

Nous y serons avec nos banderoles et nos chasubles : mettons du bleu partout !

#fautqueçabouge !

lundi 7 mars 2016

Position de la CFTC au sujet du projet de loi Travail élaboré par la ministre Myriam El Khomri :

Position de la CFTC au sujet du projet de loi Travail élaboré par la ministre Myriam El Khomri :

Le texte n'est pas acceptable en l'état mais nous en sommes encore au temps de sa mise au point.

  1. Les indemnités prud'homales ne doivent pas être plafonnées. La victime, dans un licenciement abusif, n'est pas l'entreprise, mais bien le salarié.
  2. Les nouveaux critères de licenciement, en particulier pour les jeunes, sont inacceptables, car ils transforment les CDI en CDD sans visibilité ni indemnités de précarité que comportent les CDD.
  3. Le passage en forfait jour ne doit pas pouvoir être une décision unilatérale de l'employeur
  4. En cas d'échec d'une négociation, c'est la loi qui doit s'appliquer et non une mesure unilatérale de l'employeur
  5. Le rôle de la Branche ne doit pas s'estomper : elle est garante de l'anti-dumping social et de la concurrence déloyale en son sein.
Le texte présenté est un projet qui n'est pas celui qui sera présenté au Conseil des ministres. Nous en sommes à la phase de discussion autour d'un pré-projet : pourquoi irions-nous bloquer la France? Tout n'est pas à jeter dans le projet de loi. Cette phase de négociation est celle que la CFTC défend.
https://www.dailymotion.com/video/x3ttedv

Si le texte présenté au conseil des ministres ne prend pas en compte les revendications de la plate-forme des syndicats réformistes, alors la CFTC s'adressera aux citoyens : manifestations (samedis ou dimanches) et saisie des députés pour qu'au niveau de la représentation nationale, le texte soit de nouveau modifié.

Allez voir les déclarations de Bernard Sagez, Philippe Louis et Joseph Thouvenel :
http://www.dailymotion.com/video/x3vlulh_passage-media-i-tele-b-sagez-intersyndicale-loi-travail_news
http://www.dailymotion.com/video/x3vtl1b_rassemblement-du-12-mars-fautquecabouge-intervention-de-bernard-sagez_news
 http://www.dailymotion.com/video/x3vtfej_passage-media-bfm-tv-p-louis-reforme-du-code-du-travail_news
 http://www.dailymotion.com/video/x3tzvqw_passage-media-lci-p-louis-reforme-du-code-du-travail_news




mercredi 2 mars 2016

Conférences des AFC

Les AFC proposent des conférences thématiques qui rejoignent les préoccupations de la CFTC : c'est avec plaisir que nous vous informerons de ces événements à venir...et que nous vous patageons les thèmes des conférences récentes :

- juin 2015, une Conférence par l'AFC de Rambouillet (Chantal Delsol) sur la question de la paternité face à l'émancipation des femmes. Paternité : quel beau mot ! Mais la vie professionnelle laisse-t-elle du temps et de l'énergie aux pères pour remplir leur mission de façon consistante? Et quelle belle paternité professionnelle aussi dans certaines PME et ETI ! (voir Léon Harmel). Mais où est cette paternité dans les entreprises soumises à la Finance?
- octobre 2015, une conférence sur le sommeil des enfants avec l'AFC du Mantois : que d'interactions avec les temps familiaux grignotés par le tout-travail ou les courses tardives en grandes surface pour cause d'horaires décalés! Que d'interactions avec les nouvelles technologies numériques et leurs écrans omniprésents ! A méditer lorsqu'une certaine fatalité nous impose l'hyperconnectivité professionnelle....
- février 2016, une conférence sur la notion de responsabilité et de conscience par FXavier. Bellamy avec l'AFC de Triel : là aussi, outre la culture de la "délibération" (voir nos articles précédents), la conscience de la dignité humaine, qui se joue non seulement envers les tout-petits ou les personnes âgées, mais tout au loing de la vie professionnelle, où l'être humain est plus souvent considéré comme un outil - coûteux, non fiable, dont il faut se passer -, ou un animal - qui doit réagir vite, instinctivement ou bien dressé selon des processus -, mais rarement comme une personne avec tout ce que cela signifie de temps, d'exercice de la liberté, de la responsabilité, d'appartenance à des communautés.
-février 2016 à Rambouillet : où sont les chrétiens? (Jean Sévillia)
 La CFTC espère pouvoir être une réponse à cette dernière question ! Sans communautarisme, ouverte à tous, mais plus que jamais consciente de ses principes fondateurs et du caractère irremplaçable que lui imposent ses statuts : dernier rempart face à un monde du travail individualiste, hédoniste et fondé sur le pouvoir et la puissance. Un monde du travail qui a oublié la vocation propre du travail humain qui est l'humanisation du monde.