Thèse : les réseaux sociaux sont un bien.
Le syndicalisme est par principe un "corps intermédiaire" entre les salariés et l'employeur. Il réalise une hiérarchisation, de même qu'en son sein, la structure est elle-même hiérarchisée : branches, géographie, syndicats, sections...
Les réseaux sociaux bouleversent la donne : un "like" est un "like", quelles que soient les responsabilités, les compétences, l'influence de celui qui "like". On est sur de l'horizontal pur. Comme Saint Paul, nous pouvons dire : "il n'y a plus ni juif ni païen, ni esclave, ni homme libre" : Pour Saint Paul, seule l'humanité est importante, indépendamment du statut. Pour les réseaux sociaux, il en est de même pour les "amis", les "suiveurs", les "retwitteurs"...
Les réseaux sociaux sont ils donc évangéliques? Pourquoi pas. Si c'est bien l'humanité qui est valorisée...
Antithèse : les réseaux sociaux ne sont pas compatibles avec la tradition
La tradition hébraïque et chrétienne pourtant, ne manque pas de hiérarchiser : regardez l'organisation des anges, archanges, principautés, dominations, puissances, etc... la cour céleste est hautement hiérarchisée, et la plupart des sociétés humaines également, jusqu'à présent. C'est dans la hiérarchie que se déploient les vertus d'obéissance, de responsabilité, et le principe de subsidiarité. Alors.....les réseaux sociaux sont-il le diable pour un syndicaliste qui s'appuie sur les principes sociaux chrétiens ?
Synhèse : il y a un changement fondamental à vivre, un modèle dont on peut d'inspirer, et un grave écueil à éviter.
La technologie rend la démocratie directe possible. L'intelligence individuelle peut baisser (faute de temps réflexif car le numérique est aussi géniteur de l'urgence puisqu'elle devient partout possible à assumer), l'intelligence collective, chère à Joël de Rosnay, peut enfin se déployer, extension de la loi des grands nombres. Le savoir de chaque pixel humain s'affaiblit peut-être, mais l'image qui en résulte est en HD !
Du coup, les syndicats vont devoir faire émerger la vérité, et son corollaire qui est le bien commun, non plus à partir de dogmes ou de principes, mais de cette autre forme d'intelligence répartie. C'est un peu comme si on passait, au Vatican, du dogme de l'infaillibilité pontificale au principe de collégialité généralisée. D'ailleurs, les deux s'excluent-ils vraiment? Pas si sûr.
Peut-être est-ce un modèle à transposer dans le syndicalisme : plus de collégialité par les réseaux sociaux, et, sur la base de ce discernement collectif, une prise de responsabilité lorsque la "vox populi" ne semble pas être la "vox Dei". Cela arrive, tant la psychologie des foules est manipulable et versatile. Refuser ce principe de responsabilité, c'est accepter la dictature du prolétariat internet, fait de millions d'hommes appliqués à twitter, liker, pétitionner, répondre, transférer...dans les transports, les réunions, au lit, partout, tout le temps. Tout miser sur la seule intelligence collective - comme si il y avait un être supérieur qui émanerait d'un système complexe de millions d'individus - c'est commettre la même erreur que de croire que la main invisible du marché suffit à réguler le monde. Ce serait un autre Golem. On voit ce que ça donne.
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