samedi 12 mars 2016

Loi El Khomri : question de confiance....

La presse d'inspiration chrétienne se fait l'écho de l'impact du projet de loi "Travail" sur les mouvements chrétiens sociaux : 

Famille Chrétienne : Loi travail : les chrétiens partagés
Reflet d’un dialogue social à la peine, le projet de loi El Khomri sur le travail crée des divisions, y compris chez les chrétiens. Face à face entre Cyril de Quéral, membre des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens, et Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC.
La Croix : position CFTC avec interview de Philippe Louis notamment sur le plafonnement des indemnités prud'homales
Le Pèlerin Magazine : Bras de fer sur le droit du travail...

Bras de fer sur le droit du travail 
Ce qui retient notre attention sera la différence d'appréciation entre la position de la CFTC et celle des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) : les critères de ces deux organisations sont les mêmes : respect de la dignité humaine et celle du travail, nécessité de faciliter l'entrepreneuriat qui est l'expression de cette dignité, la recherche du bien commun, la mise en œuvre de la subsidiarité.
Seules les pondérations et la façon de promouvoir ces "valeurs" changent.
Et d'où vient qu'elles changent?

C'est que d'un côté les EDC, Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétienspar la voix de son vice président Bertrand Macabéo, affirment que " être un dirigeant chrétien, c'est tenter de ne pas être patron en semaine et chrétien le dimanche" (La Croix du 11 mars 2016) alors que la CFTC n'a pas confiance dans les promesses trop souvent non tenues en termes de déploiement des embauches. De même, Laurent Bataille affirme "pour la première fois en France, une loi estime qu'on doit faire confiance aux gens de terrain" (La Croix du 11 mars 2016)
Confiance : c'est le défi. 
La crainte de la CFTC est qu'un dumping social s'opère si la négociation n'est pas faite au niveau de la Branche professionnelle qui est, pour elle, le bon niveau de responsabilité sociale et donc de négociation, plutôt que l'entreprise. Subsidiarité pour subsidiarité....
La conciliation de ces deux points de vue pourrait s'opérer par le renforcement de la culture et de la morale de chacun : des salariés pour qu'ils n'abusent pas du droit (ces abus ruinent notre système de protection sociale), les employeurs pour qu'ils aient conscience qu'ils ont charge d'âme, que le personnel n'est pas une variable d'ajustement.

La crise trouve ses racines dans morale et la culture de chacun. La crise de gouvernance, celle qui gèle la prise de risque et l'emploi, est moins le fait des entrepreneurs (qui risquent leurs propres fonds, et leur vie) que celle des grands groupes financiarisés dont les directeurs sont des mercenaires qui, au fond, ne risquent rien d'autre que leur place (mais ils en trouveront d'autres). Faut-il une "loi Travail" ajustée aux PME et ETI mais ne s'appliquant pas aux grands conglomérats cotés en Bourse? Peut-être. L'Allemagne est socialement et industriellement forte par ce qu'elle regorge de ces Entreprises de Taille Intermédiaire à capital familial. Il faut relire "l'enracinement" de la philosophe Simone Weil, à ce sujet. Nous y reviendrons dans ce blog.

On regrette que dans un grand nombre d'articles, comme par exemple celui qui relate les discussions de la phase de consultation et les rassemblements, la Croix ne mentionne pas la CFTC. L'article du Pèlerin est plus équilibré... :-)

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