La loi El Khomri traite avec efficacité de la question du travail par une approche très orientée "employeurs". L'actuel droit du travail, dont on dit qu'il est trop complexe, et les régimes de sécurité sociale traitent de la question du travail et des parachutes sociaux du point de vue des personnes.
On les oppose : c'est stupide, car il y a un bien commun entre les entrepreneurs et les travailleurs. Ce bien commun, c'est le désir d'être heureux ensemble, dans le travail comme dans le temps libre.
Cette loi provoque un déséquilibre, car elle est partielle. Si l'on veut réformer l'ensemble du système social-professionnel en France, il faut une approche systémique, qui intègre à la fois l'entrepreneuriat, les possibilités offertes par les nouvelles technologies, la démographie, la pluralité des cultures des peuples, l'épuisement des gens et des ressources naturelles, l'aménagement du territoire, la qualité de vie, etc.
Aujourd'hui, et c'est bien archaïque, la notion de développement est fondée sur des chiffres économiques définis par une oligarchie issue de Harward : croissance du PIB, pouvoir d'achat, balance des paiements, etc. Tout tourne autour de l'argent et l'argent résume tout, au point que, de simple moyen, il devient une finalité.
Le pape François nous invite, dans "Laudato si", à redéfinir la notion de "progrès". Revoyons également la notion de "développement". Pourquoi, par exemple, n'y met-on pas en première place le sentiment de la population en terme de bonheur, d'épanouissement, de sécurité, de liberté?
En promouvant d'autres indicateurs, on créerait un autre référentiel, et finalement, par mimétisme, d'autres attentes, plus réelles, plus fondamentales, plus humaines, qui n'attendent que cela pour s'exprimer : sortir d'une doxa économique présentée comme unique, c'est à dire totalitaire. En agissant ainsi, on sortirait des miroirs aux alouettes qui chassent des populations entières de leurs pays d'origine. Le modèle occidental des XIX et XXème siècle (on y est toujours!) n'apporte finalement que du malheur, tant chez nous que sur les autres continents. C'est une porte ouverte qui est enfoncée ici, mais peut-être valait-il la peine de le redire.
Quelles sont les conséquences de cela? Le partage des gains permis par la technologie en terme de qualité de vie; la nécessité de revisiter toute notre éducation (pour éradiquer les comportements prédateurs, profiteurs, chasseurs d'aubaine, liés à l'a-moralité et à l'envie jalouse). Cela signifie également la réduction du temps de travail obligatoire et rémunéré, pour mieux répartir le travail et neutraliser la course à "toujours plus"; cela signifie aussi la création d'un revenu d'existence, seule alternative à l'assouplissement des licenciements dont ont besoin les entrepreneurs qui ont le mérite de prendre des risques pour eux-mêmes.
Cela signifie une diminution des disparités de salaires entre les revenus les plus faibles et les révenus les plus grands dans une même entreprise ou dans un même pays.
Cela signifie, puisqu'on parle de bonheur (et donc d'éducation à la frugalité heureuse), que la question soit abordée au niveau européen sous la forme d'un socle social, si l'on veut réellement rester avec une monnaie unique.
Il y a des trésors de sagesse dans le monde : saggesse bouddhique, sagesse de Confucius, sagesse dans l'évangile ou dans les règles monastiques, qui sont tout à la fois trans-nationales, trans-continentales et trans-séculaires. Des modèles à redécouvrir, certainement. Pour preuve : tous ces grands leaders, cadres, investisseurs, etc....vont dans les abbayes retrouver un peu de sens et d'inspiration lors de leurs rares congés. Voilà un signal, faible, mais porteur de sens et d'espoir.
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