Au nom de la France, au nom de l’Europe !
De tout temps, les gens ont travaillé au nom d’un idéal qui les dépassait : le suzerain, Dieu, la Nation, la Patrie, l’Europe. Il y avait quelque-chose de transcendant dans le travail, dans l’exercice du devoir. Ainsi, dans les années 50, être fonctionnaire était un honneur : celui de travailler pour l’Etat, la France à reconstruire.
En 1970-80, travailler au GIE Airbus, c’était contribuer à créer l’Europe. Travailler pour Ariane, c’était une question de souveraineté européenne (et surtout française). Travailler pour les missiles de la force de dissuasion, c’était donner à la France une place dans le Monde. Cela nous dépassait : il y avait une mystique, un honneur, une humble fierté.
Le maître mot d’EADS puis du nouvel « Airbus » (mais il en est ainsi de tous les groupes cotés) est de dégager de la rentabilité. Il est perçu par les salariés du Groupe comme équivalent à « travailler pour tenir les promesses de dividende ». A moins qu’il y ait une mystique du dividende, cela a beaucoup moins de sens (heureusement, d’une certaine façon).
Mais comment alors parler d’engagement ? On s’engage en risquant sa vie (pompiers, militaires), pour un idéal qui en vaut la peine, qui nous dépasse. Or, l’argent ne dépasse pas l’Homme.
L’une des façons de réduire les risques psycho-sociaux serait de retrouver cette mystique du travail qui donne du sens au noble mot de « devoir ». Peut-être est-ce cela que la gouvernance des grandes entreprises doit comprendre, s'ils ne veulent pas tuer leurs poules aux oeufs d'or.
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