Il y a vraiment un "avant" et un "après" l'Iphone.
Un grand nombre de travailleurs de la vieille école, celle d'avant l'Iphone, sont attachés à des régulations, des systèmes sociaux de droits et de devoirs, une certaine forme d'égalitarisme. Par principe, cette génération n'aime pas trop les "machins à 2 vitesses".
Parallèlement, la tranche d'âge des moins de 30-35 ans, avec un grand nombre de pionniers qui les ont précédés de tous temps, préfère la liberté d'entreprendre, et ne s'encombre pas de considérations sur les droits (uniformes, pour tous, structurants) et de devoirs, mais leurs maîtres mots sont : possibilités, opportunité, indépendance. Hier et demain sont des concepts abstraits : ils veulent aujourd'hui pour aujourd'hui.
Les entreprises et les syndicats sont confrontés à cette réalité : une génération attachée à un statut social formé de réglementations, d'accords, de paritarisme. Une génération qui n'est même pas attachée au statut du salariat, ne considérant que l'intérêt du travail, du projet, de la liberté et de la réactivité dans ce projet, prompte à partir si on les emmerde avec des lenteurs insupportables, passant sans problème (en tous cas au début), du salariat à l'auto-entreprise ou à une aventure de start-up, et menant souvent les deux en parallèle.
Dans cette génération, il y a ceux pour lesquels la notoriété internet est primordiale : être vu, être aimé (liké) de plusieurs milliers, dizaines ou centaines de millier de personnes dans le monde. Partager son savoir, c'est exister, bien mieux que survivre avec des amortisseurs sociaux.
Les services RH vont donc avoir le réflexe de faire des "populations fermées", c'est à dire de figer et restreindre l'applicabilité des accords pour les personnels déjà en place, les jeunes embauchés ayant des contrats complètement individuels : contrat de prestation, contrat à durée déterminée, voire contrat d'embauche a minima.
Les syndicats dans leurs vieux réflexes vont hurler à la société à 2 vitesses, au dumping social, et voudront certainement faire perdurer un système qui n'intéresse pas, ou pas encore, les jeunes générations. Ou au contraire vont-ils abandonner la construction sociale en laissant les jeunes générations construire elles-mêmes le monde qu'elles veulent, à la fois très connecté et complètement individualiste, ayant un rapport au temps qui nous échappe complètement, à la fois casanière, voire communautariste, et ouverte sur le monde entier? Les syndicats sauront-ils trouver la voie médiane -ou tierce - entre la nécessaire structuration de la "société" (pour qu'elle mérite ce nom), avec des critères de structuration qui leur échappent complètement aujourd'hui?
Ce que l'on constate, au niveau syndical, c'est que les services RH centraux des grands groupes industriels veulent profiter de cette révolution culturelle autour du numérique pour réduire les coûts, augmenter la profitabilité des entreprises, récupérer des gâteaux provisionnés pour l'application des accords d'entreprise. Potentiellement, on est dans le court terme, la dé-construction et les aubaines. Il y a une économie du pillage, une économie de la ruine et du recyclage : le monde ne s'arrêtera pas et nous trouverons toujours des apôtres de la déconstruction permanente pour affirmer que "c'est bon pour les affaires" et d'en théoriser le modèle.
Mais est-ce que ce sera un monde heureux?
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