1ère
partie : anthropologie du travail
1/Entrer dans le sens du travail :
façon grecque. Les Aristote et autres disent…… le travail se
présente à nous comme une contrainte, une nécessité : on est
bien obligés de travailler, l’être humain partage avec l’animal
cette obligation. C’est la NOLONTé, par antinomie avec la volonté
(Henri Hude). Les grecs tenaient le travail en piètre estime et le
confient aux esclaves ; l’Homme est un être libre qui doit
s’en débarrasser.
Travail pour voler de mes propres
ailes, travail de subsistance.
2/Mais on n’est pas tout à fait
des animaux, nous sommes doués de raison, de liberté, de
conscience. Le travail prend alors un sens beaucoup plus riche. Dans
le travail humain, il y a donc beaucoup plus. Il est du côté de la
sub-sistance, en moi-même, mais il est l’un des moyens de
l’ex-istence, on se met en relation les uns avec les autres.
Ceux pour qui la subsistance n’est pas un problème continuent de
travailler (parfois en bénévoles) pour exister, pour aller à la
rencontre des autres, du monde. L’homme est un Homo Faber.
Lieu d’existence, le travail est,
comme l’amour, un lieu de déploiement, de mise en relations, de
don de soi. Le travail de l’homme transforme le monde, le crée :
je suis en relation avec le monde (1). Mais aussi, je
travaille toujours avec et pour les autres (2) :
dimension de mise en relation avec les autres. Et je me déploie
aussi vis-à-vis de moi-même (3) : le travail résiste,
il me met en face de mes limites, de mon progrès, il me met en
relation avec moi-même.
Ces 3 relations sont essentielles pour
que le travail ait du sens. Le travail est humanisant si ces
relations sont contributives d’une construction. Dans le cas
contraire (relations de destructions), le travail perd son sens.
2/(1) Concrètement : la
relation au monde vient du fait que le travail humain est
créateur, contrairement à l’animal qui subit le monde. L’homme
crée le monde dans lequel il va habiter. On transforme
l’environnement. J’ajoute au monde des ponts, des routes, des
mots, des images, etc… j’ajoute des choses au monde, non
prisonnier de mes instincts. Le travail humain, avant même de poser
une question économique, pose une question porale et éthique :
le monde que je crée au terme de mon travail est bon pour l’homme ?
Lui permettant de se développer, de devenir plus homme ?
Voir JP2 : Laborem exercens. Le
premier évangile du travail est l’évangile de la création, le
premier travailleur est Dieu lui-même : il se lève le matin,
il contemple et constate que c’est bon, et c’est cela qui lui
permet de continuer la création. Il met au sommet, en dernier, des
hommes et des femmes créés à son image, c’est-à-dire image de
créateur, contemplateur, discernant le bon. Telle est la
responsabilité du travail humain. Développer le royaume en créant
des choses bonnes pour eux. Si nous sommes capables de répondre
« oui » à la question « mon travail a-t-il été
bon ? », la fatigue du travail pourra être dominée,
parce qu’elle aura été justifiée.
Le sens du travail est de faire du bon
travail, d’apporter des choses bonnes pour le monde par mes
talents. Telle est la finalité. Un travail bien fait est un
travail-bienfait. Le profit est le moyen nécessaire de continuer à
créer des choses bonnes. Mais il n’est qu’un moyen en vue de ces
bonnes choses à faire. Cela semble loin de nos réalités, trop
théorique et philosophique…mais non, c’est très concret, car
c’est l’expérience que l’on fait tous les jours. A contrario,
quand on nous oblige à faire du mauvais boulot, on ne se sent pas
bien. Les bons cours font les bons profs heureux. Le feed-back des
élèves est une nourriture, gage de la saine fatigue, qui donne
envie de dormir du sommeil du juste, une fatigue qui n’amoindrit
pas. Simone Weil : la personne humaine doit pouvoir se
contempler dans son travail.
Le travail alors devient une ressource
pour la vie privée. On partage, on projette, on vit. Mieux vaut
travailler jusqu’à 19h satisfait que jsqu’à 17h avec le
sentiment d’avoir raté sa journée. La fatigue sera pire, sale,
transperçante, qui empêche de dormir, parce que le lendemain, je
sais que ça va recommencer : travailler sans combler les
besoins vitaux.
Autre exemple : les infirmières
en épidémie de Burn-Out : le problème n’était pas « on
travail trop », mais « on n’arrive plus à bien
soigner », du fait de l’expédition permanente de chaque acte
de soin. Le sentiment du mauvais travail est une double
maltraitance : du patient et du travailleur.
Dernier exemple : Le banquier, qui
a besoin de se dire qu’il a bien servi son client, qu’il a
proposé les meilleures solutions de financement du client. Il
invente même des trucs pour se leurrer, pour survivre. Exemple :
le meilleur taux immobilier, qui satisfasse le client. 2ème
rendez-vous : bon taux (grand sourire, bonheur) mais
piège….(aïe) : crédit revolving…. neutralisé. Ouf
(sourire)!
2/(3) Relation à moi-même :
je sais qui je suis, tant que je fais du bon travail. Image
valorisante qui me donne envie de me lever, qui me donne envie
d’aller vers les autres. Développement de mon identité, de mes
compétences, de mes talents. Le travail humanise : on devient
plus. Emmanuel Mounier, philosophe personnaliste : « tout
travail travaille à faire un homme en même temps qu’une chose ».
Si ma contribution personnelle n’est
pas sollicitée, si ma parole n’est pas écoutée, si je ne suis
pas un co-créateur mais un élément interchangeable, il y a
carence.
3/(2) relations aux autres. Il y
a des choses que je sais faire, mais d’autres que je ne sais pas
faire. J’ai donc recours aux talents des autres :
développement de la communauté ; qualité de la coopération,
de la communion avec les autres, dont les compétences sont
articulées avec les miennes. Dans les entreprises qui vont mal,
c’est le dernier sens qui tient. « Je viens parce qu’il y a
les collègues » ; « je viens parce que sinon, ce
sera pire pour eux ». Solidarité constitutive de l’agir
humain, du travail humain.
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