lundi 6 juin 2016

Le sens du travail, Conférence de Matthieu Deschessahar à Triel/S. Introductions

Le marché n’a pas de morale, ou l’impossible société marchande. Conférence donnée à Triel sous l'égide de l'Association familiale catholique et de la paroisse de Triel.
Avertissement : Ces notes prises à la volée et légèrement remises en forme n’engagent pas le conférencier : elles sont ce que le transcripteur en a perçu, avec ses propres résonnances liées à son expérience familiale, professionnelle et syndicale. Elles sont proposées à toutes les personnes que ce sujet intéresse pour être une base de réflexion mais non un enseignement « ex cathedra » faisant autorité. Hervé Bry, pour la CFTC des Yvelines.

Introduction par le Père Matthieu Berger, curé de Triel, qui témoigne d'une augmentation de la souffrance de ses paroissiens au sujet du travail.

Matthieu Deschessahar : Quiconque est préoccupé par la défense de la vie s’intéresse à la question du travail. On y passe beaucoup de temps : 50% de notre temps de vie éveillée. Si le travail n’est pas un lieu de vie, cela reviendrait à dire qu’on vivrait à mi-temps. Trouver du sens au travail est une question essentielle dans la vie. L’intuition pastorale du curé est sombre : souffrance, les paroissiens témoignent.
Double interrogation sur le travail : la question d’en avoir ou pas (le chômage), qui est la question de l’emploi, très présente dans le débat politique. On ne va pas la traiter ce soir. L’autre interrogation est absente du débat politique mais très présente dans l’entreprise : c’est la question posée par ceux qui ont du travail : le problème qui se pose est alors celui de la qualité du travail. Plus qu’avant, ils se posent des questions. Cela fait plus de 15 ans que les plaintes en provenance de ceux qui ont du travail augmentent. Souffrance, stress, burn-out, Risques psychosociaux. Si on parle de retrouver de la qualité de vie, de bien-être, c’est parce qu’on n’y est pas. Quel directeur a ces thématiques en priorité ? Peu, pas.
En amont, on a un diagnostic d’une gigantesque plainte des cadres et non cadres, qui disent que « le travail n’a plus de sens ». « Je me demande ce que je fais ici, on tourne en rond, on fait rien de bon », etc…. Ce mot de perte de sens fait partie désormais du vocabulaire de l’entreprise. Ceux qui dénoncent cette perte de sens se retrouvent devant un choix, deux possibilités : je reste parce que je suis coincé (famille, marché de l’emploi, etc…), mais alors je ne viens travailler qu’avec le petit sens du travail : gagner quelques sous (Simone Weil). Et il y a ceux qui ont le courage de déserter, surtout la grande entreprise, pour s’installer en province, développer un petit business à eux, quitte à perdre 60% de leur salaire, parce qu’ils ne peuvent pas envisager 30 ans dans ces conditions. Heureux de repartir, « même profs », asso sociale, paysagiste.
Cette perte de sens est problématique : on en fait des maladies si on n’a pas des sources d’équilibre ailleurs. Elle est pathogène pour soi et pour l’entreprise elle-même : déficit de contribution, comportement de repli, travail a minima, pas plus : c’est une catastrophe dans les entreprises. Cela se voit et du coup, les entreprises mesurent l’engagement de leurs salariés : c’est la chute libre. Enquête Gallup sur les entreprises françaises en 2015 : 10% des salariés sont engagés, pro-actifs. 60% sont désengagés : le minimum sans entrain, ceux qui viennent pour partir. 30% sont activement désengagés : des saboteurs. Même les directions sont atteintes par la perte de sens. Les managers aussi. Les managers sont sensés être des donneurs de sens, mais ce sont les premiers touchés.
Qu’est-ce qui se passe ? L’exposé est articulé en 2 parties, suivies de questions/réponses :
1ère partie : Si on veut essayer de comprendre, il faut se rappeler le fait que : c’est quoi, le sens du travail, pourquoi je travaille ? Ce n’est plus aussi évident qu’avant. « Je ne taille pas une pierre, je construis une cathédrale », cela ne marche plus vraiment. Le collectif a perdu toute consistance.
2ème partie : aujourd’hui, quelles sont les choses qui sont susceptibles de porter atteinte au sens ?
A suivre dans les billets de blog suivants.

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