Bonjour à tous,
Je voudrais ici presenter un element du plan de développement de la CFTC dans les Yvelines, fondé sur le renforcement de la force de nos convictions. Il ne s’agit pas de transformer la CFTC en mouvement
clérical, de ce point de vue, je voudrais rassurer tout le monde ; Il n’y
aura jamais de dépendance organique, statutaire entre la CFTC et une Eglise, il faut que ce soit absolument clair.
Ce n’est pas parce qu’on parle français qu’on est
français. Mais quand on est Français, on doit parler français, et le plus
correctement possible. Libre à ceux qui n’aiment pas la langue française de
renier leur nationalité : ce serait somme tout assez logique.
La morale sociale chrétienne est une sorte de
grammaire : elle donne des structures, des concepts, elle façonne la
pensée et la compréhension du monde et des hommes, mais ne fait pas des phrases
toutes faites : pas de diktat, pas de réponse stéréotypée aux questions
économiques et sociales, mais un discernement, un ajustement. Et celui qui se
reconnait dans cette langue sociale devrait naturellement rejoindre la CFTC
sans se poser d‘emblée des questions de religion. Avec une telle adhésion naturelle,
nous n’aurions plus de problèmes arithmétique de représentativité La CFTC serait au syndicalisme ce que la
francophonie est à l’univers linguistique. C’est le premier objectif de
l’opération présentée.
Pour parler la même langue, il faut des
grammairiens, des académiciens, des littéraires, dont le travail profite à tous
ceux qui l’utilisent.
C’est le deuxième objectif de ce plan de renforcement : recruter dans le monde des grammairiens de la morale sociale
chrétienne.
Les statuts de la CFDT, dans leur préambule de 1964 et
jusqu’en 2014, mentionnaient comme référence les apports philosophiques et
moraux des grandes sagesses religieuses, et particulièrement du
christianisme.
C’était une concession faite alors aux fédérations et
syndicats réticents à l’abandon pur et simple de la référence chrétienne de la
CFTC en 1964. Lors du congrès de juin 2014, la CFDT a supprimé cette mention,
estimant qu’il fallait finir le travail de 1964 et évacuer toute référence à
toute religion, quelle qu’elle soit, parce que le monde s’était complètement
déchristianisé et qu’il leur fallait donc suivre la tendance. On connait le
résultat : à la CFDT, il y a plein de dialectes et la grammaire
sociale de la CFDT est confuse. En revanche, la proximité avec le pouvoir politique la met sous les feux de la rampe médiatique.
La CFTC a choisi un autre chemin en 1964 : garder
vivante non seulement la mémoire, mais aussi la référence doctrinale mûrie et
enrichie par la pensée catholique étendue à la pensée chrétienne en
général : transcendance de l’Homme et tout ce qui en découle en termes de
droits et de devoirs, de vécu des organisations sociales, de notion de la
propriété, etc..
C’est cette stabilité qui donne le cap, qui attire les
autres confessants, juifs, les musulmans, les spirituels, les humanistes
sensibles aux valeurs chrétiennes (je ne dis pas « à la foi », mais
« aux valeurs » chrétiennes). Ce cap, il faut le garder, parce qu’il
est pertinent, il est juste et flexible à la fois. Il faut en être fier, le
connaitre et le transmettre, l’assumer publiquement.
Et comme nous sommes des êtres et des organisations
vivantes, ce cap se garde en communauté, c’est-à-dire avec les autres
associations et groupes qui, avec les mêmes principes, oeuvrent dans leurs
domaines propres qui sont connexes aux nôtres : famille, entrepreneuriat,
jeunesse.
Ceux qui ne sont pas à l’aise avec la morale sociale
chrétienne et/ou qui veulent diluer ces principes dans un corpus humaniste plus
large font exactement le chemin qu’a fait la CFDT jusque 2014 et après. La CFTC
n’étant pas une secte, ils peuvent rejoindre d’autres mouvements où ils se
sentent mieux. Si ils ne trouvent pas ces mouvements à l’herbe plus
verte, ils peuvent se poser la question : « pourquoi, au fond, je me
sens mieux à la CFTC qu’ailleurs ? cela ne vient-il pas, justement, de ces
principes moraux et sociaux chrétiens ? »
Ceux qui veulent cléricaliser de façon rigide la CFTC
font du clérico-juridisme étroit, une sorte de mise sous tutelle morale voire
statutaire. Ce n'est pas la vie. Ceux qui, à cause de cela, réprouvent la présence d’autres
spiritualités doivent se poser la question : « comment est-ce que je
vis l’universalité du message si j’exclus d’autres
personnes ? ».
La voie juste est entre les deux, elle ne sera jamais
confortable, ce sera toujours une ligne de tension si elle est vécue avec la
peur de la prise de pouvoir par « l’autre camp ».
Cette voie juste, c’est, me semble-t-il, une écoute
bienveillante des apports de tous, passés au discernement de la cohérence avec
nos principes amont, à commencer par l'inaltérable et éminente dignité de toute personne humaine.
En écho à une discussion qui a eu lieu lors du dernier
Conseil du ME7801, au sujet de la propriété privée, nos principes affirment
la nécessité de la propriété privée et la recherche du bien
commun, de faire un usage juste de nos proprieties et talents. Comment cela s’articule-t-il ? :
« Je ne prends pas, je reçois ». « La
vie d’une personne n’est pas le fait de cette personne ». « Tout ce que je
possède vient des générations antérieures, des ressources naturelles et
également de mon travail : je le reçois et le possède pour le transmettre
aux générations futures de la même façon que je l’ai reçu ». De cela
découle la question du travail, des lois sociales, du système économique et
social qui, pour être transmissible, doit être vivant, ajusté en permanence (ce
qui est le contraire du concept d’ « acquis social »). Voilà le
bien commun : jouer collectif, à travers l’espace et le temps, avec ce que
j’ai d’individuel aujourd’hui et ici.
Soyons fiers de la CFTC, de son histoire, de sa vocation, et surtout, fiers et humbles devant cette mission qui nous dépasse largement.
Hervé Bry, president du syndicat CFTC de la métallurgie des Yvelines.
Un discours programme qui cherche l'équilibre entre des convictions personnelles et le respect de tous, qui assume l'histoire. Ce ne sera pas facile à tenir, même en interne. Bon courage!
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