Calibration, performance : les mots-pièges
C’est un phénomène connu : la pensée est faite de mots, donc les
mots façonnent la pensée. Les mots ont un sens, et un usage détourné pourrait-bien
changer la pensée puis l’agir qui en résulte. La CFTC a soulevé le problème du
terme « ressources humaines ». Dans le Groupe AIRBUS, c’est l’absurdité de la réalité
qui pousse finalement la Direction à redonner aux « RH » leur vraie
fonction de développement et d’accompagnement des personnes. Du moins est-ce
une promesse du programme PULSE. D’autres pièges se trouvent en embuscade : le terme
calibrage, dans le dispositive de management par objectifs (MPO), signifie « normalisation », mise en moule. Au
sujet du MPO, cela force à faire entrer le réel dans des cases pré-formatées (au chausse-pied ou au rabot) et jette le
discrédit sur l’ensemble du processus d’évaluation, en particulier sur la relation entre le salarié et son responsible hiérarchique. Ce mot est à supprimer si
l’objectif n’est pas celui-là, s’il est d’harmoniser les secteurs en vérité
comme la Direction l’affirme.
Autre mot piège : « performance ». En français, une
performance revêt un caractère exceptionnel, un effort particulier. En anglais,
performance signifie juste que l’on a fait son travail (to perform).
Une
mauvaise traduction crée ici un choc de cultures qui est un facteur de stress,
particulièrement quand les mots sont des « faux amis ». Pour l'expression "evaluation de la performance", culturellement, le salarié français comprendra qu'il doit être chaque jour capable de se dépasser, être au top de lui-même.Ne nous étonnons pas de l'augmentation des risques psycho-sociaux dans ces conditions.
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