vendredi 1 juillet 2016

Des mots, des maux : démo.


Calibration, performance : les mots-pièges

C’est un phénomène connu : la pensée est faite de mots, donc les mots façonnent la pensée. Les mots ont un sens, et un usage détourné pourrait-bien changer la pensée puis l’agir qui en résulte. La CFTC a soulevé le problème du terme « ressources humaines ». Dans le Groupe AIRBUS, c’est l’absurdité de la réalité qui pousse finalement la Direction à redonner aux « RH » leur vraie fonction de développement et d’accompagnement des personnes. Du moins est-ce une promesse du programme PULSE. D’autres pièges se trouvent en embuscade : le terme calibrage, dans le dispositive de management par objectifs (MPO), signifie « normalisation », mise en moule. Au sujet du MPO, cela force à faire entrer le réel dans des cases pré-formatées  (au chausse-pied ou au rabot) et jette le discrédit sur l’ensemble du processus d’évaluation, en particulier sur la relation entre le salarié et son responsible hiérarchique. Ce mot est à supprimer si l’objectif n’est pas celui-là, s’il est d’harmoniser les secteurs en vérité comme la Direction l’affirme.

Autre mot piège : « performance ». En français, une performance revêt un caractère exceptionnel, un effort particulier. En anglais, performance signifie juste que l’on a fait son travail (to perform).
Une mauvaise traduction crée ici un choc de cultures qui est un facteur de stress, particulièrement quand les mots sont des « faux amis ». Pour l'expression "evaluation de la performance", culturellement, le salarié français comprendra qu'il doit être chaque jour capable de se dépasser, être au top de lui-même.
Ne nous étonnons pas de l'augmentation des risques psycho-sociaux dans ces conditions.

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